Demain nous appartient : “Ça la forcera à arrêter ses mensonges”, Charlotte Gaccio se confie sur la suite de l’intrigue sur Audrey

 

Le film s’ouvre sur une ambiance lourde à Sète, presque étouffante. Dans les premières secondes, on comprend qu’Audrey n’est plus la femme enjouée et combative que l’on connaît. Elle évolue dans sa propre maison comme une ombre. Son regard est fuyant, ses gestes mécaniques, et chaque sonnerie de téléphone semble la faire sursauter. Le spectateur, témoin de cette tension intérieure grandissante, devine rapidement que quelque chose de grave pèse sur elle, quelque chose qu’elle tente désespérément de cacher.

Le récit s’articule autour d’un secret qu’Audrey protège depuis longtemps. Un mensonge — ou une accumulation de mensonges — qui commence enfin à la rattraper. Les paroles de Charlotte Gaccio, évoquant un tournant qui “la forcera à arrêter ses mensonges”, prennent ici tout leur sens : le film se construit justement autour de cet effondrement moral, lent et inévitable.

Le point de départ semble anodin : une enquête policière ouverte après la découverte d’un élément compromettant dans un lieu fréquenté par la famille Roussel. Un objet, une lettre, un document… Le film entretient volontairement le flou. Ce qui compte, c’est que les preuves, une à une, convergent vers Audrey. Le destin resserre ses mâchoires autour d’elle. Elle tente d’expliquer, de minimiser, de détourner l’attention, mais chaque tentative semble l’enfoncer davantage.

L’une des premières scènes marquantes montre Audrey face à Damien. Il la connaît par cœur, ressent ses failles avant même qu’elle ne les admette. Lorsqu’il lui demande si elle lui cache quelque chose, Audrey détourne le regard et secoue la tête. Mais son silence prolongé trahit une fissure. Damien insiste, inquiet. Elle s’enferme alors dans une défense maladroite, répétant qu’elle va bien, que tout est sous contrôle. Le spectateur comprend que non seulement elle ment, mais qu’elle ment à ceux qu’elle aime le plus.

C’est ce double discours qui va la faire plonger.

Au lycée, les choses dérapent lorsqu’un collègue confronte Audrey avec des informations qu’il a reçues anonymement. Des accusations, partiellement vraies, partiellement déformées, mais suffisamment dangereuses pour la mettre dans une situation intenable. La caméra capte son malaise : elle transpire, elle bafouille, elle finit par s’emmêler dans sa propre version. Ses élèves, témoins indirects de sa fragilité, échangent des regards inquiets. La réputation d’Audrey vacille sous le poids des regards interrogateurs.

Le film prend ensuite une tournure plus intime en laissant le spectateur entrer dans la psyché de la mère de famille. Dans une scène nocturne, elle s’assoit seule dans sa voiture, le visage éclairé uniquement par la lumière du tableau de bord. Elle respire rapidement, presque en hyperventilation, comme si le mensonge qu’elle transporte devenait trop lourd à porter. Elle serre son téléphone contre sa poitrine, hésite à appeler quelqu’un, renonce, puis recommence. Cette hésitation répétée montre que l’aveu est proche, mais que la peur est encore plus forte.

En parallèle, l’enquête policière progresse. Aurore et Martin, déterminés à comprendre ce qui se trame, recoupent des informations qui pointent vers une manipulation plus complexe. Quelqu’un semble vouloir provoquer la chute d’Audrey. Mais est-ce parce qu’elle cache réellement quelque chose… ou parce que ses mensonges sont devenus un terrain fertile pour la détruire ?

Le film joue finement avec cette ambiguïté : Audrey n’est ni coupable ni innocente. Elle est humaine, faillible, et ses mensonges sont nés de bonnes intentions… au début. Mais ils se sont empilés, ont dérivé, et aujourd’hui leur poids menace de briser tout son équilibre.

Lorsque la vérité commence à éclater, c’est un raz-de-marée. La scène centrale survient lorsque Lizzie, sa fille, tombe par hasard sur un élément de vérité dans les affaires de sa mère. Une lettre cachée, un message non envoyé, une preuve matérielle du mensonge. S’ensuit une confrontation familiale d’une intensité rare. Audrey tente d’expliquer, mais ses enfants refusent de l’écouter. Ils ont l’impression d’avoir été manipulés. La douleur dans leurs yeux transperce le cœur du spectateur.

Damien, lui aussi, finit par comprendre que la femme qu’il aime lui ment depuis plus longtemps qu’il ne l’imaginait. Il ne la condamne pas, mais il ne peut pas la défendre tant qu’elle continue de nier. Ce moment de distance entre eux, si inhabituel, marque un pivot émotionnel : Audrey est seule, pour la première fois depuis longtemps.

C’est dans ce grand isolement que se produit le climax du film : une scène d’aveu. Audrey, acculée par la police, la famille, et sa propre conscience, finit par craquer. Dans une séquence où la caméra reste fixée sur son visage, elle confesse tout. Ses erreurs, ses peurs, ses raisons. Elle explique pourquoi elle a menti, comment elle s’est retrouvée piégée dans un engrenage qu’elle n’a pas su arrêter. Sa voix se brise, les larmes coulent, et le spectateur comprend enfin l’ampleur de sa souffrance.

Cet aveu n’efface pas les conséquences, mais il brise enfin le cercle toxique du mensonge.

À partir de ce moment, le film adopte un autre rythme : celui de la reconstruction. Ses enfants la regardent autrement, non plus comme une mère parfaite, mais comme une femme qui a chuté. Damien, bouleversé, lui promet qu’ils surmonteront cette épreuve, à condition qu’elle ne lui mente plus jamais. Audrey, vidée mais soulagée, accepte enfin de demander de l’aide.

Le film se termine sur une note plus douce, mais pas parfaitement heureuse : Audrey regarde Sète depuis une terrasse ensoleillée, consciente que sa vie ne sera plus jamais la même. Mais elle n’est plus seule. Elle a arrêté ses mensonges. Elle peut enfin respirer.