Ici tout commence : Pénélope et Ninon réconciliées ? “Elles ont été meurtries par leur secret”, Laurence Facelina en dit plus sur le futur des personnages
Au cœur de l’Institut, alors que les couloirs bruissent encore des préparatifs du prochain concours culinaire, une tension sourde persiste entre Pénélope et Ninon. Depuis plusieurs jours, les deux jeunes femmes s’évitent avec une précision presque chorégraphique. Tout le monde a compris qu’il s’est passé quelque chose entre elles, quelque chose de grave, mais personne ne sait exactement de quoi il s’agit. Ce mystère, déjà suffisamment lourd pour affoler les rumeurs, va se retrouver au centre d’un véritable tournant dramatique.
Le film met en lumière la chute lente mais inévitable d’une amitié qui avait pourtant tout pour durer. Pénélope, habituellement solaire, a changé de visage. Ses proches, qu’il s’agisse d’Enzo, de Livio ou même de Kelly, la voient se renfermer, perdre le goût des projets ambitieux qu’elle chérissait encore quelques semaines plus tôt. Ninon, de son côté, semble figée dans une forme d’attente douloureuse. Elle surveille du coin de l’œil chaque mouvement de Pénélope, espérant peut-être un signe, un mot, une fissure dans l’armure que son amie s’est forgée.
Le secret qu’elles partagent n’est jamais dit frontalement au début – le film ménage habilement le mystère – mais il réapparaît dans la manière qu’elles ont de respirer l’une autour de l’autre, dans leurs silences, dans ces regards qu’elles se refusent. On comprend très vite que ce secret a été suffisamment violent pour laisser des traces visibles. La révélation, lorsqu’elle arrive, ne fait qu’accentuer la portée émotionnelle de leur éloignement.
Tout remonte à une soirée organisée au Double A. Un événement anodin, festif, qui aurait dû se terminer dans les rires habituels. Mais une erreur, un geste impulsif, a déclenché un engrenage que ni Pénélope ni Ninon n’ont su arrêter. Ninon a commis une faute professionnelle grave, qu’elle a tenté de cacher. Pénélope, qui avait été témoin d’une partie de la scène, s’est laissée entraîner dans ce mensonge, par loyauté… ou par peur. Leur pacte de silence s’est refermé sur elles comme un piège.

Ce qui n’était qu’un arrangement temporaire est devenu un gouffre moral. Et lorsque les conséquences ont commencé à se faire sentir, la culpabilité a rongé Pénélope, tandis que Ninon, paralysée par la honte, laissait son amie porter une partie de la responsabilité à sa place. L’érosion progressive de leur confiance mutuelle est montrée avec une grande finesse : disputes étouffées, faux-semblants, excuses murmurées que personne ne croit vraiment.
C’est dans ce contexte déjà fragile que Laurence Facelina, interprète de l’une des professeures les plus exigeantes, décide de confronter Pénélope. Elle pressent qu’un événement trouble l’agite davantage que ce qu’elle laisse paraître. Son intervention est décisive : non pas une intrusion brutale, mais une invitation à l’honnêteté. Dans une scène d’une intensité remarquable, Laurence dit clairement qu’“on ne cuisine jamais correctement avec des secrets qui pèsent plus lourd qu’une cocotte-minute”.
Cette discussion agit comme une libération. Pénélope craque, son masque se fissure, et pour la première fois elle laisse apparaître l’étendue de la douleur qu’elle porte. Laurence, bien que déstabilisée, l’encourage à mettre des mots sur ce qui la ronge. C’est ce déclencheur qui pousse Pénélope à aller trouver Ninon.
La confrontation est l’une des séquences les plus fortes du film. Les deux jeunes femmes se retrouvent dans le parc de l’Institut, lieu symbolique où elles avaient autrefois partagé leurs confidences et leurs premiers rêves culinaires. Le ton monte vite : reproches, larmes, aveux. Ninon reconnaît qu’elle a laissé Pénélope s’enfoncer seule pour éviter d’affronter les conséquences de son acte. Pénélope, elle, dévoile à quel point ce secret l’a “meurtrie”, pour reprendre les mots rapportés par Laurence Facelina dans ses interviews.
Le film montre ici la puissance de leur amitié, non pas comme un lien fusionnel facile, mais comme une relation réelle, imparfaite, marquée par les échecs. Ce que Ninon redoutait le plus – perdre définitivement Pénélope – devient paradoxalement la première étape d’une reconstruction. Ce n’est pas une réconciliation immédiate, mais une reconnaissance mutuelle de leurs failles.
La scène suivante, beaucoup plus calme, montre Pénélope et Ninon face à l’administration de l’Institut, prêtes à assumer ensemble les conséquences de leur silence. Cette démarche marque un basculement profond : elles ne cherchent plus à se protéger, mais à réparer. L’école, bien qu’inflexible, reconnaît leur courage. Si une sanction tombe, elle ne brise pas leur avenir. Au contraire, elle marque une forme de renaissance.
Laurence Facelina intervient à nouveau, cette fois comme témoin privilégiée de leur évolution. Elle souligne que, malgré leurs erreurs, “les deux élèves ont enfin décidé de se regarder en face”. Le message est clair : ce qui compte n’est pas la faute, mais la manière dont on décide d’en sortir.
La fin du film se veut plus lumineuse. On retrouve Pénélope et Ninon en cuisine, hésitantes au départ, mais prêtes à réapprendre à travailler côte à côte. Un geste simple – le partage d’un fouet, un sourire fragile – suffit à comprendre qu’elles commencent à se reconstruire. Le secret ne les sépare plus : il devient le point de départ d’une maturité nouvelle. Elles ont été meurtries, oui, mais elles ne sont plus seules pour panser ces blessures.
Le spectateur reste avec l’impression que rien n’est totalement réglé, mais que la réconciliation est désormais possible, presque inévitable. Le film montre avec sensibilité que les relations les plus fortes ne sont pas celles qui ne se fissurent jamais, mais celles qui survivent à l’impact.