Le retour de Bérénice pour Carla, mais le destin en décide autrement dans Ici tout commence

Le retour de Bérénice pour Carla, mais le destin en décide autrement dans Ici tout commence

Le film s’ouvre sur une atmosphère mélancolique, presque suspendue, au cœur de l’Institut Auguste Armand. La lumière du matin se faufile à travers les vitraux de la grande salle, révélant une tension invisible. Les étudiants se croisent, les regards s’évitent, comme si un secret planait dans l’air. Ce jour-là, rien ne semble vraiment normal : quelque chose se prépare, une émotion sourde que tous ressentent sans pouvoir la nommer. Et au centre de ce tumulte, deux cœurs blessés vont se retrouver — Bérénice et Carla — mais le destin, cruel et capricieux, en décidera autrement.

Tout commence par le retour inattendu de Bérénice, après plusieurs semaines d’absence. La caméra la suit, silhouette fragile mais déterminée, franchissant à nouveau les portes de l’Institut. Son visage est empreint d’une force nouvelle, mais son regard trahit l’appréhension. Elle n’est plus tout à fait la même. Derrière sa sérénité apparente, on devine les cicatrices laissées par son départ précipité, cette fuite dont personne ne connaissait vraiment les raisons. Ses pas résonnent dans le hall, chaque écho semble réveiller un souvenir.

Carla, de son côté, ne s’attendait pas à revoir celle qu’elle considère encore comme la personne qui lui a le plus manqué — et blessé. Elle la croise par hasard, dans un couloir, au détour d’un plateau de pâtisserie. Le temps semble s’arrêter. Les regards se croisent, intenses, silencieux. La gêne, la douleur, la tendresse refoulée, tout se mêle dans cette fraction de seconde. Bérénice esquisse un sourire fragile, Carla détourne les yeux. La scène, d’une simplicité poignante, annonce déjà la suite : ces retrouvailles ne seront pas une réconciliation facile.

Peu à peu, les flashbacks révèlent les raisons du départ de Bérénice. Une dispute, une blessure morale, un secret mal gardé. Elle s’était sentie trahie, incomprise. Mais le film montre aussi sa lente reconstruction, loin de l’Institut, dans un cadre apaisant où elle a retrouvé un certain équilibre. Son retour n’est pas motivé par le hasard : elle veut revoir Carla, lui dire enfin ce qu’elle n’a jamais eu le courage d’avouer. Pourtant, tout va se compliquer dès son arrivée.

En parallèle, Constance et Teyssier perçoivent la tension grandissante entre les deux jeunes femmes. Le directeur, derrière sa froideur coutumière, comprend que ce retour risque de perturber la cohésion du groupe. Il prévient Bérénice : “Ici, les émotions fortes se cuisinent mal avec la discipline.” Une phrase qui résonne comme une prophétie. Car, malgré ses précautions, la jeune femme se retrouve vite happée par le tourbillon des sentiments qu’elle croyait avoir maîtrisés.

La mise en scène alterne entre les cuisines, véritables arènes de confrontation, et les moments d’intimité suspendus, où Bérénice et Carla se cherchent sans oser se retrouver. Dans une scène bouleversante, les deux se retrouvent seules dans la serre de l’Institut. Bérénice tente d’expliquer son départ, de justifier ses silences. Carla, blessée, laisse éclater sa colère : “Tu n’avais pas le droit de partir comme ça !” Les mots claquent, les larmes montent. C’est l’un de ces dialogues qui laissent le spectateur suspendu, partagé entre douleur et espoir.

Mais le destin, une fois de plus, ne compte pas les laisser tranquilles. L’arrivée d’un nouveau personnage — Julien, un ancien ami de Bérénice — va bouleverser les cartes. Son charme discret, sa bienveillance apparente masquent des intentions plus troubles. Très vite, Carla perçoit chez lui quelque chose d’ambigu. Bérénice, elle, semble lui faire confiance. Une série de malentendus s’enchaîne, nourrissant la jalousie et le doute. Le film glisse alors vers le drame sentimental, mêlant passions contrariées et révélations inattendues.

L’un des moments les plus forts survient lors d’un concours culinaire organisé à l’Institut. Carla et Bérénice, contraintes de collaborer, doivent présenter un dessert symbolisant “la réconciliation des contraires”. Le symbole est évident, presque cruel. Au fil de la préparation, les souvenirs refont surface, les gestes deviennent plus hésitants. Mais au moment de dresser leur assiette, un incident survient : une brûlure, un cri, un plat brisé au sol. Le chaos visuel reflète le tumulte émotionnel qui les habite.

Après cet échec cuisant, Bérénice s’enfuit. Carla la rattrape sur le parvis, sous une pluie fine. C’est là que tout se joue. Les deux femmes se livrent enfin à cœur ouvert. Bérénice avoue qu’elle est revenue pour elle, qu’elle n’a jamais cessé de penser à elle, qu’elle voulait tout recommencer. Carla, bouleversée, confie qu’elle a essayé d’avancer sans y parvenir. La scène est d’une intensité rare, portée par un silence vibrant. On croit un instant à la réconciliation, au retour de la lumière. Mais le sort, cruel, s’en mêle une dernière fois.

Un appel inattendu vient tout briser : Julien, en fuite après avoir été démasqué pour avoir volé une recette à l’Institut, provoque un accident de voiture. Et dans cette voiture… se trouve Bérénice. Les plans se succèdent avec une intensité dramatique insoutenable : les sirènes, le choc, le sang sur le pavé, Carla courant dans la nuit. Elle crie son nom, en vain. Le film atteint alors son climax émotionnel.

À l’hôpital, Carla reste au chevet de Bérénice, inconsciente. Elle lui parle, lui raconte tout ce qu’elle n’a jamais osé dire, sa colère, son amour, son manque. La caméra s’attarde sur leurs mains qui se frôlent, sur le moniteur cardiaque dont le bip rythme leurs destins. Le spectateur retient son souffle. Le scénario joue sur la frontière entre la vie et la mort, entre ce qui aurait pu être et ce qui reste à sauver.

Dans les dernières minutes, la voix off de Carla conclut l’histoire avec une phrase déchirante : “On croit qu’on a le temps… mais le destin ne nous attend jamais.” Le plan final montre la cuisine de l’Institut, vide, où le dessert qu’elles avaient commencé ensemble repose, inachevé, symbole de leur amour interrompu.

Ce film, inspiré de l’univers d’Ici tout commence, dépasse la simple intrigue amoureuse : il parle du poids des regrets, de la beauté des secondes chances, et de la cruauté du hasard. Le retour de Bérénice, censé être une renaissance, devient une tragédie douce-amère, une leçon sur la fragilité des liens et la force des sentiments qu’on ne peut ni effacer ni oublier.

Quand le générique s’élève, le spectateur reste figé, les larmes aux yeux, conscient que dans cet univers où tout se joue dans la passion, la plus belle des recettes — celle de l’amour — reste aussi la plus imprévisible.